Marché Français des Myrtilliers en 2025

Le marché des myrtilles en France continue de croître rapidement, porté par une demande diversifiée allant de la consommation fraîche à la transformation en produits alimentaires, cosmétiques et compléments alimentaires. Malgré une production nationale encore insuffisante face à la consommation, les opportunités pour les producteurs locaux se multiplient grâce à l'augmentation des surfaces cultivées, aux innovations variétales et aux aides financières, tout en faisant face aux défis de la concurrence internationale et des exigences spécifiques de cette culture.

 

Myrtillier et ses fruits

Le myrtillier (Vaccinium myrtillus) est un sous-arbrisseau de la famille des Éricacées, produisant de petites baies bleu-violacé appelées myrtilles. Ces fruits, à la saveur douce et légèrement sucrée, sont riches en antioxydants et en nutriments. En France, les principaux usages commerciaux des myrtilles incluent :

  • La consommation fraîche, très appréciée en été
  • La transformation en produits séchés pour infusions et pâtisseries
  • L'utilisation comme ingrédient dans l'industrie alimentaire et des boissons
  • La production de compléments alimentaires et de produits cosmétiques, exploitant leurs propriétés antioxydantes
  • La fabrication de vins de myrtilles, tirant parti de leur pruine naturelle

La demande croissante pour ces usages variés stimule le développement de la filière myrtille en France, offrant de nouvelles perspectives aux producteurs.

 

Évolution du marché français

Le marché français des myrtilles a connu une croissance significative ces dernières années, tant dans le secteur conventionnel que biologique. En 2022, la surface totale de production a augmenté de 6%, reflétant l'intérêt croissant des producteurs. Le marché conventionnel a vu une augmentation constante des volumes, stimulée par une demande accrue des consommateurs, avec une consommation multipliée par 6 en volume depuis 2017.

Pour le marché bio, malgré une tendance générale à la baisse dans d'autres secteurs agricoles, la myrtille bio maintient sa dynamique. Les Jardins bio du Médoc, par exemple, cultivent 100 000 pieds de myrtilliers sur 28 hectares, illustrant le potentiel de croissance du secteur bio. Cependant, la production nationale reste insuffisante, la France ne produisant que 11% de sa consommation totale de myrtilles, ce qui laisse une marge importante pour le développement futur du marché, tant conventionnel que biologique.

 

État actuel du marché

Le marché français des myrtilles poursuit sa croissance en 2025, avec une augmentation des surfaces cultivées et des volumes produits. Dans le secteur conventionnel, la production nationale atteint environ 5 000 tonnes, couvrant désormais près de 15% de la consommation totale. Les surfaces cultivées ont progressé d'environ 8% par rapport à 2022, atteignant près de 1 200 hectares.

Pour le marché bio, malgré un ralentissement général du secteur biologique, la myrtille résiste mieux que d'autres productions. Les surfaces certifiées bio ont augmenté de 3% en 2024, tandis que les surfaces en conversion ont diminué de 37%. La demande reste soutenue, notamment via les circuits courts et la vente directe qui ont progressé de 9%. Cependant, les ventes en grande distribution connaissent un recul de 3,8%, reflétant une tendance générale du marché bio à privilégier les circuits de proximité.

 

Régions et terroirs français

Les principales régions productrices de myrtilles en France sont l'Ardèche, la Lozère, les Vosges, les Alpes et la Bretagne. L'Ardèche se distingue comme le premier département producteur de myrtilles sauvages, où la production s'étend sur un tiers du département, principalement dans le Parc Naturel Régional des Monts d'Ardèche.

Les spécificités régionales favorables à la culture de la myrtille incluent :

  • Un sol acide avec un pH entre 4,5 et 6, typique des terrains granitiques ou schisteux
  • Une altitude généralement supérieure à 600 mètres, bien que certaines variétés puissent être cultivées à des altitudes plus basses
  • Un climat frais et ensoleillé, avec une préférence pour la mi-ombre dans les régions plus méridionales
  • Des sols bien drainés, légers et riches en matière organique

Ces conditions sont particulièrement présentes dans les massifs montagneux et les zones à sous-sol granitique, expliquant la concentration de la production dans ces régions.

 

Culture du myrtillier

Les principales variétés de myrtilliers cultivées en France incluent Bluecrop, Duke, Draper et Liberty. Ces plants nécessitent un sol acide (pH 4,5-5,5), bien drainé et riche en matière organique. Une irrigation régulière est cruciale, avec 7-10 mm d'eau par jour en été. La densité de plantation recommandée est d'environ 2000 pieds par hectare.

Les rendements moyens varient entre 8-9 tonnes/ha en conventionnel et légèrement moins en bio. Les myrtilliers entrent en production 2-3 ans après la plantation et peuvent rester productifs pendant 30 à 50 ans avec un entretien approprié. L'arbuste tolère des températures entre 20-26°C, avec un maximum de 35°C. Un paillage et une fertilisation organique régulière sont essentiels pour maintenir l'acidité du sol et favoriser une croissance optimale.

 

Commerce et concurrence internationale

La France occupe une position modeste dans le marché international de la myrtille, ne représentant que 0,1% de la production mondiale en 2021 avec environ 2 000 tonnes produites. Cette production limitée ne couvre que 13% des besoins nationaux, obligeant le pays à importer massivement pour satisfaire la demande croissante.

Les importations françaises de myrtilles proviennent principalement d'Espagne (45%) et du Maroc (21%), suivies par le Pérou et le Chili qui représentent ensemble 8% des importations, surtout pour la demande hivernale. Les volumes importés ont connu une croissance fulgurante, avec une augmentation de 743% entre 2003 et 2023. Cette forte dépendance aux importations impacte significativement la production française, créant une concurrence intense sur le marché national, notamment en termes de prix et de disponibilité tout au long de l'année.

L'impact concurrentiel des importations se fait particulièrement sentir pendant la saison de production française. Même en plein été, 75% des myrtilles consommées en juin sont importées, 50% en juillet et près d'un tiers en août. Cette situation présente à la fois un défi et une opportunité pour les producteurs français, qui doivent se démarquer par la qualité et la fraîcheur de leurs produits locaux pour conquérir une plus grande part du marché national en pleine expansion.

 

Opportunités pour producteurs français

Le marché français des myrtilles offre des opportunités significatives pour les producteurs locaux, tant dans le secteur conventionnel que biologique. Dans le marché conventionnel, le potentiel de développement est considérable, la consommation française restant modeste avec seulement 150 grammes par an et par habitant, comparé à 700 grammes en Allemagne et 1,3 kg aux États-Unis. Cette marge de progression représente une réelle opportunité de croissance pour les producteurs français.

Pour le marché bio, malgré un ralentissement général du secteur, la myrtille bio maintient sa dynamique, notamment grâce à la demande croissante via les circuits courts et la vente directe, qui ont progressé de 9%. Les producteurs peuvent bénéficier d'aides institutionnelles pour la conversion en bio et répondre aux attentes spécifiques des consommateurs en termes de qualité et de traçabilité. La diversification vers des produits transformés à base de myrtilles, tels que les compléments alimentaires et les produits cosmétiques, offre également des débouchés prometteurs pour les producteurs français, tirant parti des propriétés antioxydantes de ce fruit.

 

Rentabilité et aides financières

La production de myrtilles en France présente des différences significatives entre les modes conventionnel et biologique. Le coût de production en bio est généralement plus élevé, mais cette différence est compensée par des prix de vente supérieurs. La culture hors-sol permet de maintenir un haut potentiel de rendement à long terme, offrant une opportunité intéressante pour les producteurs.

Pour soutenir le développement de la filière, plusieurs dispositifs d'aide sont disponibles. Les entreprises bio de transformation et commercialisation peuvent bénéficier d'aides publiques auprès de divers financeurs comme les Conseils Régionaux, les Agences de l'Eau, l'ADEME et FranceAgriMer. Des aides spécifiques existent pour la conversion en agriculture biologique, le maraîchage et l'écoRégime. De plus, le programme de rénovation des vergers de FranceAgriMer offre des subventions pour la préparation du terrain, la plantation et l'achat de plants, avec une aide limitée à 40 hectares par exploitation et 30 hectares par espèce.

 

Défis et risques sectoriels

Le marché de la myrtille en France fait face à plusieurs défis importants. Dans le secteur conventionnel, la concurrence internationale, notamment du Maroc et de l'Espagne, exerce une pression significative sur les prix. Les producteurs français doivent également faire face à des risques phytosanitaires croissants, avec des maladies comme la pourriture grise, l'oïdium et la pourriture racinaire qui affectent respectivement 66%, 45% et 39% des exploitations.

Pour le marché bio, les contraintes sont liées à des coûts de production plus élevés et à une réglementation stricte. La certification bio et les pratiques culturales exigées augmentent les coûts, tandis que la concurrence s'intensifie avec l'arrivée de nouveaux acteurs sur le marché. De plus, les producteurs bio font face à des défis spécifiques comme la gestion des ravageurs sans pesticides de synthèse, notamment l'Aphis spp. qui touche 82% des exploitations. La volatilité de la demande, influencée par des facteurs économiques comme l'inflation, représente également un risque important pour tous les producteurs.

 

Innovations et perspectives futures

Le secteur de la myrtille en France connaît des avancées significatives en termes d'innovation et de recherche. Des efforts sont menés pour développer des variétés plus résistantes aux maladies et mieux adaptées aux conditions climatiques locales. Les pratiques agroécologiques gagnent du terrain, avec notamment l'exploration de la culture de myrtilles sauvages comme alternative durable et rentable. Cette approche, nécessitant peu d'intrants et offrant des coûts de production limités, s'inscrit dans une démarche écologique tout en répondant à la demande croissante de produits locaux et naturels.

À moyen terme, le marché français de la myrtille devrait poursuivre sa croissance, stimulé par une demande accrue des consommateurs pour des aliments sains et riches en antioxydants. Les estimations suggèrent que la taille du marché européen de la myrtille pourrait atteindre 12,40 milliards USD d'ici 2029. Pour les producteurs français, cela représente une opportunité de développer de nouveaux débouchés, notamment dans les secteurs des compléments alimentaires et des cosmétiques, tout en renforçant leur position sur le marché intérieur face à la concurrence internationale. L'adoption de pratiques durables et l'investissement dans des variétés améliorées seront cruciaux pour répondre à cette demande croissante tout en maintenant la qualité et la compétitivité de la production française.

 

Opportunités et stratégies maraîchères

La culture de la myrtille présente des opportunités intéressantes pour les maraîchers français, mais nécessite une réflexion approfondie avant de se lancer.

Avantages :

  • Marché en forte croissance avec une demande croissante des consommateurs
  • Potentiel de diversification des revenus et des débouchés (frais, transformé, cosmétique)
  • Culture pérenne pouvant rester productive pendant 30 à 50 ans

Inconvénients :

  • Investissement initial élevé (environ 26 000 €/ha)
  • Exigences spécifiques en termes de sol et de climat
  • Concurrence internationale forte, notamment de l'Espagne et du Maroc

Recommandations :

  • Évaluer soigneusement les conditions pédoclimatiques de votre exploitation
  • Privilégier les variétés adaptées à votre région et aux circuits de commercialisation visés
  • Envisager la culture hors-sol pour s'affranchir des contraintes de sol
  • Miser sur la qualité et la fraîcheur pour se démarquer des importations
  • Explorer les opportunités en agriculture biologique et en circuits courts
  • S'informer sur les aides disponibles pour l'installation et la conversion bio

Une analyse approfondie du marché local et de vos capacités d'investissement est cruciale avant de se lancer dans cette culture exigeante mais potentiellement rentable.

 

Fournisseurs de plants myrtilliers

Pour les maraîchers et producteurs professionnels à la recherche de plants de myrtilliers de qualité ou de conseils pour l'implantation d'une parcelle, deux fournisseurs spécialisés se démarquent sur le marché français :

  • Bairiverse (https://plantspetitsfruits.com/) : Fournisseur grossiste proposant une large gamme de plants de petits fruits, dont les myrtilliers, sous différents formats (mini-mottes, godets, pots). Ils offrent des plants bio et conventionnels, avec un service commercial réactif et une livraison rapide partout en France.
  • Econome à Légumes (https://economealegumes.fr/) : Négociant en plants et matériel végétal, spécialisé dans la fourniture de plants pour les producteurs professionnels français. Ils proposent des prix dégressifs selon le volume et assurent une livraison directe sur l'exploitation.

Ces deux entreprises offrent non seulement des plants de qualité, mais aussi un accompagnement technique personnalisé, depuis le choix des variétés jusqu'aux conseils de culture. Leur expertise peut s'avérer précieuse pour optimiser votre production de myrtilles et maximiser votre rentabilité.